Invitation à sortir du déni de notre souffrance

Lors d’échanges récents multiples au sein de mon cercle relationnel, j’ai pu observer une certaine récurrence dans la réponse que nous accordons à la survenue de souffrance.

Qu’il s’agisse de deuil, de perte, de trahison, de séparation, certaines situations brutales nous plongent dans des abîmes de chagrin, de révolte, de colère, de refus, de désespoir. La période actuelle semble propice à l’amplification de ces phénomènes inhérents à l’incarnation, par leur fréquence, leur intensité ou le fait que de plus en plus de personnes vivent des expériences particulièrement violentes.

Ce que je vois le plus souvent, c’est que l’origine de notre souffrance est attribuée à l’Autre. Que cet autre soit une personne, une organisation, un proche ou un inconnu, le doigt pointe en direction de l’extérieur, ce fameux « générateur » de (notre) trouble. La faute serait à l’extérieur et nous en ferions les frais.

En souscrivant à cet automatisme, nous générons plusieurs phénomènes.

Le premier est que nous évitons de répondre à l’invitation que nous fait la Vie : cesser d’ignorer notre intériorité. Prendre notre responsabilité consiste toujours à nous tourner vers l’intérieur, vers notre propre souffrance, tapie dans nos profondeurs, bien cachée loin de la lumière, piégée hors de notre perception, reléguée par nos soins depuis nos débuts dans l’existence, réfugiée dans nos cellules – il faut bien qu’elle se loge quelque part !

Dans son Amour Infini et Sa Connaissance parfaite de chacun de nous, la Vie (le Divin, la Grâce, l’Univers, Plus Grand Que Soi, on l’appelle comme on veut, ce ne sont que des synonymes) nous présente en continu des opportunités de rencontrer cette souffrance en nous, de nous en occuper, de l’éclairer, de l’amener à la surface pour l’offrir à la dissolution, pour notre libération et celle du collectif. Si nous n’y prenons garde, notre système de défense est instantanément activé et le jugement, le besoin de contrôle, de protection, la réaction, l’agression, la fuite prennent les rênes de nos pensées, paroles et actions, occupant tout le terrain de notre conscience. Nous tentons de nous placer hors de portée de notre souffrance par son déni ; nous voulons agir sur la situation : la changer, la faire cesser ou la fuir.
Ce qu’il est essentiel de réaliser, c’est que ce « nous » est constitué de ce que nous ne sommes pas. Ce ne sont que les artifices soigneusement mis en place et constamment renforcés pour nous éviter le ressenti de cette souffrance.

Ce qui est à regarder pour y voir plus clair, c’est que chacun de nous en s’incarnant a accepté la responsabilité de certains « dossiers » auxquels œuvrer, et que nous sommes questionnés encore et encore sur ces aspects en particulier, ceux qui nous sont les plus difficiles. Nous sommes sollicités dans notre structure spécifique et la réponse appelée est unique. Aucune expérience ne peut donc être comparée à aucune autre. Et les réponses de l’un ne sont pas celles de l’autre.
Cela nous libère définitivement de l’attachement aux repères qui se trouvent hors de nous, avec sa cohorte de jugements, critiques, condamnations, dévalorisations, admiration, reproches et j’en passe…

De là, nous sommes devant un choix : perpétuer encore et encore ce cercle vicieux et entretenir l’état de souffrance individuel et collectif (avec sa croissance exponentielle), ou demander à accéder à une autre expérience, plus lumineuse, pour soi et pour le collectif.

Une situation (dite « confrontante ») en me percutant m’invite à retourner mon attention vers ce qui émerge alors de mes profondeurs. Vont inéluctablement remonter des tréfonds les terreurs, les angoisses, la sensation de mourir d’abandon, la croyance que la Vie ne veut pas de moi, que je suis seul(e), les réflexes de survie, etc. La sensation est douloureuse (douleur n’étant pas synonyme de souffrance), l’inconfort peut se révéler terriblement difficile voire insurmontable, mais cela s’accueille, cela nous traverse et se traverse, avec l’aide de notre aspiration à l’élévation et de ce qui nous dépasse – au sens propre.
Ce qui se présente à nous l’est toujours au moment parfait et de la façon la plus adaptée à notre besoin profond de transcendance (La Lumière utilise tout).

L’accueil inconditionnel, la reconnaissance que je ne peux rien seul, que seule la Grâce Divine peut résoudre, dissoudre, transmuter, l’humilité de reconnaître qu’en réalité « je ne sais pas ce qui se joue » (notre orgueil nous raconte la fable que « nous savons, nous voyons bien ! »), la sagesse de renoncer à la lutte, la Foi qui sait que tout est à notre service, la confiance absolue dans l’expérience de l’Autre aussi incompréhensible soit-elle sont les seules clés pour changer de niveau d’expérience, ouvrir notre cœur et nous laisser élever par ce qui est là.

Le miracle du soulagement se produit de lui-même, sans notre intervention, sans notre contrôle de la 3D. Nous sommes soulagés de ce que nous sommes tentés de nous infliger (et d’infliger à l’Autre, notre parfait partenaire de jeu) en toute inconscience et le cœur fermé à l’invitation amoureuse.
Tout se déploie bien au-delà de nous…

Là, il nous devient possible de voir et de rejoindre ce qui nous était jusqu’alors invisible, inaccessible… et reste la gratitude pour ce qui nous est offert en continu.

Une autre conséquence, et non négligeable vraiment, est que notre compulsion au contrôle, répondant à la croyance que nous « devons » agir sur la situation chaotique, que l’attention apportée à cette action à mener ou à cette fuite nous coupent des êtres concernés et avant tout de nous-même. Cela obstrue le canal destiné à la libre circulation de l’Amour Infini, de l’accompagnement véritable : le Don de Soi. L’énergie utilisée à faire cesser notre propre inconfort n’est pas disponible pour être orientée sans condition vers cet être ou ces êtres que nous disons aimer.

Un angle de vision qui peut aider à la déconstruction : si je me déresponsabilise, je me victimise, je regarde l’autre comme une victime et je me place en sauveur, et cela implique qu’il y a des bourreaux.
Un des plus beaux cadeaux à faire à un être humain est de ne jamais céder à la tentation de le considérer comme une victime, mais au contraire de le voir dans son ministère de lumière, qui se situe hors de mon champ de perception.

Il n’y a pas à se flageller, la force des conditionnements étant si résistante. Mais ne nous racontons pas l’histoire que la souffrance ou les actions d’autres que nous créeraient une souffrance en nous.
Et soyons certain(e)s que nous pouvons déconstruire ces programmes et nous ouvrir à quelque chose de nouveau, de plus beau et à quoi nous aspirons tant par ailleurs.

Nous sommes créateurs, que nous le voulions ou non. Nous créons en continu. Soit nous créons à partir de nos personnages fictifs (avec pour fruit le chaos), soit nous cocréons avec « Plus Grand Que Soi ». Dans le second cas, Cela crée à travers nous, nous devenons instrument parfait, inspiré par Le Souffle, par l’Amour Infini, et la Grâce a la voie libre pour restaurer l’Harmonie Totale, à l’échelle de l’Univers, selon un Plan Parfait bien au-delà de nos représentations mentales.

Dans ces temps qui exigent plus que jamais de nous clarté et discernement, nous sommes devant un choix profond :  contribuer à alléger l’expérience de l’incarnation par l’engagement de notre Être dans une voie de pleine responsabilité ou continuer à alimenter le chaos (mécanismes relationnels, émotionnels et psychiques délétères issus de nos croyances – lutte, résistance, fuite).

Chaque choix est respectable par définition et toute contribution même minime en apparence élève le collectif dans son ensemble, rendant l’expérience transformatrice plus accessible à chacun à chaque seconde.

Soyons donc enthousiastes des pas que nous faisons, sans aucune évaluation, avec cette Lumière chevillée à l’Âme : la Vie nous aime, nous chérit, nous soutient, nous conduit, tous autant que nous sommes et quelles que soient les apparences.

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