Pourquoi ce titre ? Parce que ma rencontre avec le Népal s’est passée dans un univers de douceur. J’évoque ici cet espace intérieur où les rythmes se posent, et d’où l’on perçoit toute chose avec attention et innocence. C’est bien de douceur qu’il s’agit. Douceur pour soi-même, par cette attention silencieuse, et douceur pour l’extérieur, par la tranquille acceptation de ce qui Est.
Le Népal a laissé une empreinte profonde en moi. Les paysages s’ouvrent comme des fenêtres sur la démesure originelle. Les personnes viennent à nous par des chemins qui nous sont inconnus. C’est comme si quelque tentative de lutte devenait vaine. Face à cette dimension de la terre et des cœurs, aucun de nos habituels combats ne trouve justification. La pensée perd toute utilité ou presque, la prévoyance manque sa cible, l’anticipation devient une gêne, le calcul tombe dans le vide d’un espace-temps autre. Nous sommes au pays de l’essentiel, du prioritaire, du primordial. Loin des caprices de notre course contre le temps et la matière.
Ici nous ne dominons rien ni personne. Nous existons en retrouvant le sens de la simplicité. Notre respiration se nourrit de ce que nous avons tant cherché à oublier, et qui est omniprésent : la précarité, la trivialité de la condition humaine, le manque, l’absurdité, la peur… Mais aussi la beauté, l’humilité, la générosité, la solidarité…
Ces visages de la vie que nous voudrions à tout prix gommer de notre monde artificiel et qui manquent à notre conscience pour que le réel soit Réel.
La mort, la perte, l’abandon, l’absence de contrôle sur les évènements, nous les renions avec force de ce côté-ci du monde, en refusant d’admettre quels alliés puissants ils peuvent devenir pour notre croissance intérieure et notre propre humanité.
Ces images vous évoqueront peut-être ce qui veille en vous et vous appelle…
Car ne vous leurrez pas : cet univers inconnu saisi sur ces quelques clichés ne vous est pas étranger, il n’est pas extérieur à vous. Il fait partie de vous comme vous faites partie de lui. Ne vous émerveillez pas davantage de ce monde magnifique que de votre monde intérieur. Par son existence il vous rappelle simplement qui vous êtes. Cette vérité qui n’est qu’à vous, dont vous êtes à la fois pleinement détenteur et pleinement responsable.
Rien n’a plus de valeur que ce tréfonds de chacun de nous. Il doit exister au grand jour pour illuminer le Réel.
Puissent ces « empreintes népalaises » raviver cet essentiel qui est en vous…