(J’évoque ici les relations amoureuses et intimes qui, nombreuses, ont jalonné mon parcours de femme)
Toi, l’Homme, tu as été mon dieu, l’objet de toute mon attention et de mes seuls désirs. Amoureuse pour la première fois à 7 ans, je l’ai été sans interruption d’âme en âme, d’homme en homme, jusqu’à 53 ans… Tu as été l’aune à laquelle je n’ai cessé de mesurer mon évolution vers l’autonomie, sans toutefois que je prenne pleinement conscience de ce qui m’appelait du fond de l’Univers, c’est-à-dire du centre de mon Être.
Vois avec mansuétude combien tu as compté pour moi ! Combien je t’ai aimé. Combien je t’ai attendu, espéré, cherché parfois, appelé de mes vœux, voulu autre alors même que j’étais incapable de voir en toi le partenaire d’élévation idéal et choisi.
Seules mes crispations envers toi (demandes instantes ou refus de ce que tu m’offrais) m’ont posé problème, jamais toi. Jamais tu ne m’as nui, ni ne m’as contrainte, encore moins violentée en quoi que ce soit.
Aveuglée par ton rayonnement puissant et envoûtant qui m’apparaissait tellement plus aimable que le mien, j’ai lancé dans la trame de l’univers des milliers d’attentes, de projections, d’exigences, de colères, de critiques, de jugements, d’exigences, de frustrations, de rancœurs, de peurs, de dénis. Et ce en toute ignorance, inconscience et irresponsabilité. Aujourd’hui je sais que la source de toute souffrance se conçoit dans l’ignorance de Ce Que Nous Sommes en vérité par nature et de toute éternité. Et de cette enfance alors que l’Amour est encore pur jusqu’à la maturité, je me suis systématiquement évertuée à trouver en toi ce que je voulais de toute mon âme : naître à cette réalité.