À tous les hommes de ma vie
(J’évoque ici les relations amoureuses et intimes qui, nombreuses, ont jalonné mon parcours de femme)
Toi, l’Homme, tu as été mon dieu, l’objet de toute mon attention et de mes seuls désirs. Amoureuse pour la première fois à 7 ans, je l’ai été sans interruption d’âme en âme, d’homme en homme, jusqu’à 53 ans… Tu as été l’aune à laquelle je n’ai cessé de mesurer mon évolution vers l’autonomie, sans toutefois que je prenne pleinement conscience de ce qui m’appelait du fond de l’Univers, c’est-à-dire du centre de mon Être.
Vois avec mansuétude combien tu as compté pour moi ! Combien je t’ai aimé. Combien je t’ai attendu, espéré, cherché parfois, appelé de mes vœux, voulu autre alors même que j’étais incapable de voir en toi le partenaire d’élévation idéal et choisi.
Seules mes crispations envers toi (demandes instantes ou refus de ce que tu m’offrais) m’ont posé problème, jamais toi. Jamais tu ne m’as nui, ni ne m’as contrainte, encore moins violentée en quoi que ce soit.
Aveuglée par ton rayonnement puissant et envoûtant qui m’apparaissait tellement plus aimable que le mien, j’ai lancé dans la trame de l’univers des milliers d’attentes, de projections, d’exigences, de colères, de critiques, de jugements, d’exigences, de frustrations, de rancœurs, de peurs, de dénis. Et ce en toute ignorance, inconscience et irresponsabilité. Aujourd’hui je sais que la source de toute souffrance se conçoit dans l’ignorance de Ce Que Nous Sommes en vérité par nature et de toute éternité. Et de cette enfance alors que l’Amour est encore pur jusqu’à la maturité, je me suis systématiquement évertuée à trouver en toi ce que je voulais de toute mon âme : naître à cette réalité.
Je t’ai chargé de la besogne alors même que je refusais de m’y atteler… Je t’ai imposé ce fardeau, encore et encore, cette tâche si ingrate de me renvoyer ce qu’il me fallait voir en moi – ombre et lumière, amour et non-amour, cette aspiration à l’Unité. Je t’ai transféré le devoir de faire à ma place ce qui demandait à être fait. Et, ingrate moi-même (autant que la tâche) je t’ai bien sûr tant reproché de ne pas y parvenir, de ne pas être compétent ni à la hauteur, de ne rien comprendre, d’être pétri de peurs, d’impuissances en tous genres, d’incapacités diverses et variées… Jusqu’à la nausée je t’en ai voulu, t’ai jeté au visage ma déception, t’ai insulté par des milliers de jugements silencieux réitérés de ne pas être capable de faire ce dont je m’étais déchargée sans vergogne sur toi.
Je n’ai pas vu pendant toutes ces – nombreuses – années que ce que je te reprochais si injustement était précisément ce que je refusais d’aller accueillir au et du plus profond de moi.
J’ai tellement accordé de crédit à la moindre de mes pensées à ton sujet, et à mon sujet face à toi !!! Aujourd’hui cela me faire éclater de rire tant cette attitude est immature, dérisoire, dénuée du moindre début d’élément fondateur de réalité !
Quelle libération !
Voici 6 ans, sans le savoir, sauvegardant un Amour de fond immuable et universel pour toi, j’ai renoncé à ce pacte de soumission que je nous imposais, pour laisser mon regard se tourner vers mon but réel, mon appel authentique, qui ne concernait que moi depuis le tout début, depuis mon entrée en ce monde. Je me suis consacrée à faire ce dont je t’avais lesté et le plus fascinant est que, bien sûr, le miracle opère et les voiles se lèvent sur Ce Que Je Suis vraiment !
L’évidence aujourd’hui est éclatante à mes yeux : tu ne pouvais réaliser ce qui, originellement, m’incombait.
Aujourd’hui je prends la pleine responsabilité de toutes ces fragmentations de mon Être dont je t’ai désigné cause initiale en toute ignorance et sans pudeur.
Du fond du cœur, je demande pardon (concept relatif j’en conviens mais l’évidence me fait ployer pour parler ici) à TOUS les hommes qui ont accepté le rôle de partenaire d’élévation dans ma vie, du conjoint de plus de deux décennies à la rencontre de quelques futiles heures. Que tous ces éclats de moi non réalisés reviennent en mon cœur, en mon centre, pour y être consumés par l’Amour sans condition de la Source, et ainsi rendus à La Lumière.
Que seul demeure l’Amour entre tous ces êtres et moi, et que toute cette énergie transmutée et libérée soit mise au service du Couple Divin, seule relation à laquelle je puisse aspirer désormais, hors de tout désir de savoir si elle demeurera fusion intérieure éternelle ou si elle est vouée à se manifester dans le monde visible.
Aujourd’hui, je suis en état amoureux. Vibre en moi un État originel sans condition ni support de projection Qui Aime. Qui jubile, se réjouit, chante, s’expanse à l’infini.
Et à l’évidence il vient te chercher, t’embrasser, t’envelopper avec tendresse, toi l’Homme qui a accepté, avec ses mille facettes, ce rôle malaisé de me replacer sur le chemin du retour à la maison.
Je t’offre ici à cet instant ma gratitude infinie pour les milliards de cadeaux de ta Présence et de ta Vérité. Je te remercie du fond du cœur pour ton courage, ton abnégation, ton authenticité, ta générosité, ta patience, ton Amour, et tout ce qui en toi a été mis au service de ma conscience. Que la Grâce te libère à jamais de mon emprise.
Je suis en paix profonde avec toi, nous n’avons jamais été séparés réellement, tout a été magnifiquement orchestré pour que La Conscience se fasse jour.
Et nous en avons été les artisans.
Puisse chaque femme qui lise ces mots tourner son regard vers elle-même, être le témoin honnête de sa propre toile de non-amour et en prendre la pleine responsabilité. Qu’ensemble nous libérions l’Homme de nos dénis en même temps que nous nous en libérons.
Puisse chaque homme qui lise ces mots prendre la mesure de ces contrats d’amour apparemment dénaturés par l’ignorance mais si puissants, percevoir les forces à l’œuvre en chacun et entendre le chant universel qui en est la trame.
Puissions-nous ensemble laisser émerger Cette Vérité Que Nous Sommes : pur Amour et pure Lumière.